J’ai emmené cette semaine deux volontaires très motivés assister à un procès criminel (merci Monique et Jacques pour votre confiance et votre implication !). Malgré des jauges fluctuantes, la Cour d’assises reste accessible (alors que le Palais de justice rue Servient est quasi-fermé au public) et nous avons pu entrer sans problème.
Pendant deux jours, nous avons assisté à un procès de très « bonne tenue », pour reprendre le terme d’usage. Mais le verdict au moment d’être rendu m’a fait mal au coeur.
Le Président de la Cour a animé les audiences avec sérieux et impartialité, les intervenants et experts (enquêteurs, médecins légistes, psy,…) ont tous ou presque été pertinents, les témoins de qualité. Tous les échanges ont contribué à établir une vérité judiciaire, et pour être clair, c’était passionnant. Mais au terme du procès, le jeune homme de 25 ans qui était dans le box des accusés a été condamné à 6 ans de réclusion criminelle, une peine que je trouve bien sévère.
Il y a deux ans, il avait mis une claque à un de ses amis pendant une dispute. L’ami très alcoolisé était tombé sans se retenir. D’abord conscient, son état s’était ensuite aggravé, et quelques jours après, il était décédé. Le jeune homme a été mis en examen pour violence ayant entrainé la mort sans intention de la donner, puis renvoyé devant la Cour d’assises. C’est la particularité de cette infraction : une claque ou un coup porté volontairement peut constituer une violence légère punie d’une amende, un délit ou un crime selon la conséquence qu’elle produit.
Pendant son procès, l’accusé ne s’est pas toujours montré sous son meilleur jour, et son parcours ne plaidait pas toujours pour lui, mais il a montré des remords sincères pour son geste et beaucoup de tristesse pour la mort de son ami, si bien qu’au moment du verdict, on espérait une décision clémente de la Cour : après un an de détention provisoire et un an d’assignation à résidence avec bracelet électronique, une peine assortie d’un sursis avec un parcours de soins lui aurait permis de mûrir, de continuer de travailler et voir sa petite fille de 4 ans. C’est ce que son avocat avait proposé dans sa plaidoirie.
Mais le couperet est tombé. Pour son geste et ses funestes conséquences, le jeune homme a pris 6 ans ferme. 6 ans ! Le jeune homme était sonné, il n’a rien manifesté. Alors qu’il comparaissait libre, il a été mis aux arrêts à la fin de l’audience et est reparti le soir-même en prison. Franchement, un tel verdict interroge : n’y avait-il vraiment pas d’autre réponse à lui apporter ? Si on veut une peine uniquement punitive, il n’y a rien à dire. Mais la peine, dans notre droit, doit aussi protéger et préparer la réinsertion. Et là, j’ai des doutes.